Les différentes étapes

2-Centre-L'Eglise Saint-Martin de Triel

Localisation : Centre

Historique et description des vitraux

Fin XIIe, début XIIIe siècle: de cette période datent une partie de la façade nord et la façade ouest avec son grand portail. Les voûtes érigées à cette époque s’écrouleront plus tard, les murs de la nef en constituent les vestiges. L’église comprend alors un transept et un chevet plat. De tels chevets se retrouvent encore aujourd’hui dans les églises d’Andrésy et Jouy-le-Moutier ainsi que dans nombre d’édifices Cisterciens.

Balbutiements de cet « art ogival » ou « art français » : les murs ne sont pas encore complètement allégés au profit des verrières - « le triforium »* n’ayant pas encore remplacé « la tribune »** -, la construction des grandes voûtes romanes est complètement transformée car simplifiée par les nouvelles croisées d’ogive. L’église mesure alors trente mètres de long et s’arrête au niveau du « chemin du roi », l’actuelle rue Galande.

Vers la fin de ce XIIIe siècle, la voûte de la nef, trop haute (17.10 m, hauteur que l’on retrouve encore au croisillon Sud) s’écroule et nécessite la reconstruction d’une nef plus basse (14.55 m), celle que nous admirons aujourd’hui.

Au XVe siècle, l’addition d’un second bas-côté sud nécessite d’abattre les anciens murs du XIIIe siècle. La porte sur le côté date de cette époque.

Au XVIe siècle, l’église menace de tomber en ruine. Jugée trop petite, un nouveau chœur plus large est érigé, prévu pour être aligné avec une future nef élargie.
Seule voie praticable entre Seine et Hautil, le « chemin royal » pose-t-il problème pour bâtir ce nouveau chœur ? Il sera construit sur une voûte qui enjambe ce passage.
Plus tard, sans raison connue, l’élargissement de la nef est abandonnée. Un mur de biais est alors imaginé pour raccorder le nouveau chœur à l’ancienne nef.

Au XIXe siècle, l’église donne des signes de fatigue, elle est plus ou moins promise à la démolition : de gros étrésillons de bois viennent traverser la nef pour retenir la poussée des murs, et des échafaudages sont disposés à l’extérieur.

L’édifice est sauvé au XXe siècle : de 1911 à 1915, sous la direction des Beaux-arts, une première restauration est effectuée sur la partie datée du XIIIe siècle.

En 1934, débute la seconde grande restauration : des travaux sont effectués sur toute la partie du croisillon sud (celui de l’horloge). Là encore, les faibles fondations existantes sont reprises. Ciment et béton sont introduits à l’intérieur des gros piliers centraux.
Ce renforcement permettra de retirer les trois gros étrésillons qui défigurent la nef et de retrouver ce magnifique vaisseau.

En 1988, le nettoyage et la peinture du chœur sont réalisés sous la direction de Jean-Claude Rochette, architecte en chef des monuments historiques.
Les bustes du Christ-Enseignant, de la Vierge et des apôtres accrochés autour du chœur, ont été détruits à la révolution, ... seul celui du Christ (représentation de l’Etre Suprême) fut sauvegardé. Cela explique la volonté de l’architecte de laisser sur le mur les traces apparentes de ces statues manquantes.

En 2011, le conseil municipal de Triel fait entreprendre la restauration du beffroi, du croisillon nord et de l’entrée nord du XIIe siècle.

* Triforium : Galerie décorative non accessible.
** Tribune : Dans une église, galerie au-dessus des bas-côtés où est parfois situé le buffet d'orgue.

LES VITRAUX

Quatorze d’entre eux sont classés « Monuments Historiques » et datent du XVIe siècle.ID429 01 Plan église

  • Quelles sont leurs sources d’inspiration ?
    La Bible : ils retracent des scènes de l’Ancien et du Nouveau Testament : la vie de Saints alors vénérés. Jusqu’au XIXe siècle, le vitrail demeure essentiellement un art chrétien.
  • Quels sont les maîtres verriers dont les œuvres sont parvenues jusqu’à nous ?
    En Ile de France trois noms se distinguent par leurs réalisations :
    L’atelier du Beauvaisis avec la lignée Le Prince
    La famille Pinaigrier, également originaire de Beauvais
    L’atelier de Montmorency

A Triel, Nicolas Le Prince aurait réalisé le ravissant vitrail historié « le Pendu-Dépendu », « Saint Sébastien » et « l’Arbre de Jessé ».

« L’entrée de Jésus à Jérusalem », « Le repas chez Simon » et « La transfiguration » sont attribués à l’atelier de Montmorency. Ils auraient pour artisan Jean Chastelain qui travaillait aussi à Fontainebleau, Ecouen et Chantilly.

Qui sont les donateurs ? De riches particuliers ou notables, des habitants (ceux de Cheverchemont pour la « dormition de la Vierge »), des pèlerins ou une confrérie comme, par exemple, celle des vignerons pour le vitrail de « Saint Vincent ».

  • « Saint Jean-Baptiste, Saint Hubert et Saint Fiacre » (Vitrail n° 1)
    Situé dans la station, côté sacristie.

Dans le bas du vitrail est écrit « en l’an mil cinq cent ... » certainement vingt (effacé). A gauche, Saint Jean-Baptiste présentant dans son manteau « L’Agneau de Dieu ». Au centre, la conversion de Saint Hubert, patron des chasseurs, avec l’apparition de la croix dans les bois du cerf. A droite, Saint Fiacre avec un livre de prières dans la main gauche et une bêche dans la droite (Saint Fiacre est le patron des jardiniers). En dessous, cinq personnages de plus petite taille sont représentés à genoux : deux couples qui sont probablement les donateurs.

  • « Saint Vincent » (Vitrail n°2)
    Ce vitrail date de 1903, il n’est pas classé par les monuments historiques.

La chapelle qu’il éclaire était jadis consacrée à la corporation des vignerons comme le rappelle le cul-de-lampe orné d’un personnage muni d’une serpe et d’une grappe de raisins. Ce vitrail témoigne de l’importance de la vigne à Triel, jusqu’à la fin du XIXe siècle.
Réalisé par le verrier Schwartz, d’Andrésy. Il représente Saint Vincent refusant d’offrir un sacrifice idolâtre à la statue de Jupiter Olympien. A ses pieds sont représentés les instruments de torture qui seront utilisés s’il persiste dans sa foi.
Parmi les personnages principaux, le donateur perplexe est représenté à genoux, en bas à droite.

  • « L’arbre de Jessé » (Vitrail n°3)
    Au début du déambulatoire, il date de 1550.

Ici, Jessé est couché sur un lit d’apparat. Il est habillé d’une tunique bleue – symbole du Divin –, porte un ruban blanc sur la tête, attribut du père de cette lignée, et recouvert d’une couverture rouge – symbole de la foi -. Un arbre vigoureux sort de sa poitrine en épousant la colonne centrale de la fenêtre. Le bleu est le fond dominant.
A gauche, le prophète Isaïe tient un phylactère : il annonce la venue du Christ en relatant le songe « Un rameau sortira de la souche de Jessé, un rejeton jaillira de ses racines. Sur lui reposera l’Esprit du Seigneur ».
De l’autre côté se tient Moïse, soulevant de sa main droite un phylactère sur lequel est écrit « Une étoile s’élèvera de Jacob ».
Au-dessous, David est agenouillé avec sa lyre ; il tient le rouleau des Lois.
Les douze rois de Juda sont représentés sur cet ensemble : ils tiennent tous un sceptre dans une main et se répartissent sur les branches de l’arbre qui montent vers Marie et l’enfant Jésus ; Marie est assise sur un lys blanc.
Cette filiation où Jésus s’inscrit dans la grande famille de David, fils de Jessé, enracine Jésus dans un peuple : Jésus est donc un homme comme les autres, il a une ascendance royale et charnelle.
Ce vitrail est placé côté nord, celui de l’ombre et de l’attente. De chaque côté de l’oculus central, l’artiste a peint la lune et le soleil. Marie regarde vers la lune c'est-à-dire vers l’ombre, l’obéissance et l’abnégation. Le soleil levant représente ici Jésus, Dieu de lumière puisque, pour Jean l’Evangéliste, Jésus apporte la lumière au monde.

  • « Saint Roch, Saint Martin, Saint Nicolas, Saint Sébastien » (vitrail n°4)
    Cette verrière date de 1557.

Elle a été offerte par Thomas Mercier, marchand demeurant au fort de Meulan, où il était archer et voulait ainsi honorer son Saint Patron.
En bas du vitrail : Saint Sébastien, protecteur des archers, est aussi invoqué contre la peste. De chaque côté, deux archers sont sur le point de tirer leur flèche sur le supplicié. Comme dans le vitrail de Saint Vincent, cette scène dépeint donc le martyre d’un homme pour sa foi.
Au-dessus, à droite, Saint Roch est en habit de pèlerin. Lui aussi est sensé guérir les malades de la peste. Le fait que deux Saints Patrons invoqués contre cette maladie soient réunis sur un même vitrail, donne à penser que la population et donc les donateurs sont encore effrayés par cette peste noire qui a gangrené Paris au milieu du XIVe siècle.
Au-dessus, à gauche, Saint Nicolas : cette partie du vitrail illustre la célèbre légende des trois enfants ressuscités et sortant d’un saloir ... un saint ne doit-il pas avoir fait un miracle ?
Au centre, Saint Martin, patron de notre paroisse. Il est soldat dans l’armée romaine en garnison à Amiens. Un matin glacial de 337, de retour d’une tournée d’inspection nocturne, il est interpellé par un mendiant quasi-nu auquel il donne la partie du manteau qui lui appartient. Ce geste est la révélation de sa foi.

  • « Saint Mathurin » (Vitrail n°5)
    L’inscription nous précise « offert par Mathurin Lebailly et sa femme »

Sur le vitrail sont représentées deux scènes de la vie du Saint : l’exorcisme de Théodorat, fille de l’empereur d’Autriche et le baptême de ses parents.

  • « Saint Jacques ou le Pendu-Dépendu » (Vitrail n°6)
    Des pèlerins, en action de grâce de retour de Compostelle en 1554, font réaliser ce vitrail de Saint Jacques.

La légende inscrite sur le vitrail de Triel raconte l’histoire d’un jeune homme qui allait à Compostelle avec ses parents. De la verrière initiale ne subsiste que quatre panneaux :

Nous lisons dans les cartouches :
« La femme de chambre, pendant la nuit, alors que les pèlerins dormaient, mit une tasse d’argent dans la mallette du fils parce qu’il n’avait pas voulu faire sa volonté »
« Aussi, les pèlerins furent poursuivis et la tasse trouvée dans la mallette du fils qui n’en savait rien. Il fut fait prisonnier et présenté par les sergents à la justice. »
« On voit comment le juge de la ville où avaient eu lieu les faits a condamné le fils à être pendu au gibet. Mais Saint Jacques le préserva de la mort. »
« On voit le juge répondre qu’il n’est pas possible que leur fils soit en vie, pas plus que le coq qu’il faisait rôtir. Sitôt dit, le coq sortit de sa broche et se mit à chanter. »

En bas à droite et à gauche, quatre Saints forment des compositions qui n’appartiennent pas à la composition primitive, ils proviennent des vitraux différents.

Dans l’oculus, Saint Jacques reçoit les hommages de deux pèlerins placés dans les soufflets. Il est vêtu de la robe rouge des martyrs ornée de coquilles, souvenirs du pèlerinage de Compostelle.

« La Crucifixion » (Vitrail central au plus haut du chœur)

  • Le chœur renaissance est éclairé par cinq fenêtres hautes dont une seule est ornée d’un vitrail du XVIe siècle représentant la crucifixion.

Au centre de ce vitrail, le Christ est sur la Croix, de Ses plaies coule le sang recueilli par des anges dans des coupes. A ses pieds, trois personnages :
Marie, sa mère, Saint Jean, son disciple et Marie Madeleine.
En haut, le soleil rayonnant s’oppose au sombre quartier de la lune : métaphore du passage de la vie au trépas.

  • « La transfiguration » (Vitrail n° 9)
    De l’autre côté du déambulatoire, le peintre a donné une couleur jaune d’or aux chairs du Christ –pieds, mains, visage- pour rester fidèle au texte : « Son Visage devint brillant comme le soleil ».
    Le vitrail, daté de 1530, a été réalisé à la demande des Gallet, seigneurs du fief de Triel, leur blason est rapporté au bas du vitrail.
  • « Saint Jean Baptiste » (Vitrail n°10)
    Cette œuvre date de 1550. Sont représentés en haut le baptême du Christ et au-dessous la décollation de Jean Baptiste devant Salomé qui attend la tête du supplicié.
  • « L'Adoration des Mages » (Vitrail n°11)
  • « La dormition de la Vierge » (Vitrail n°12)
    Cette verrière met en scène le dernier sommeil de la Vierge avant son Assomption, en présence de tous les apôtres, alors dispersés pour porter la parole du Christ dans le monde. Marie tient un cierge entre les mains pour montrer qu’elle garde la Foi.
    Daté de 1550, il a été financé par les habitants de Cheverchemont dans l’espoir de reposer près de Dieu.
  • « Vie de Jésus enfant chez Joseph» (Vitrail n°13)
  • « Le repas chez Simon » (Vitrail n°14)
    Un merveilleux tableau de la Cène ! Le Christ est assis à table sous un dais rouge, signe d’honneur pour la personne invitée. Les apôtres sont disposés de part et d’autre de Jésus. A droite, Judas, vêtu d’une robe jaune - symbole de la trahison -, est muni d’une bourse. En haut, les instruments de la Passion dominent la Cène : la colonne de la flagellation, la croix, la couronne d’épines.
    Les effets de perspective apparus au XVe siècle s’affirment, visibles sur ce vitrail.
  • « La résurrection de Lazare » (Vitrail n°15)
    Situé dans le bas-côté sud.

Jésus occupe le centre du vitrail, sa tête est ornée d’une auréole. Devant lui Lazare entièrement vêtu de son linceul blanc apparait devant les personnes rassemblées et frappées de stupeur.

  • « L’entrée de Jésus à Jérusalem » (Vitrail n°16)
    Ce vitrail daté de 1530 est attribué à l’atelier de Paris de Jean Chastellain.
    Soulignons la technique utilisée : enlevées à la brosse ou à l’aiguille, carnations rendues par un lavis de grisaille rousse posée sur la face externe, mèches enlevées dans la chevelure.
  • « Verrière blanche » (Vitrail n°17)
    Cette verrière reconstituée, comporte un médaillon représentant la Cène : Judas, toujours vêtu de jaune, tient une bourse, récompense de sa trahison.
    Dans une des vitres blanches, un médaillon en grisaille montre une femme assise tenant un homme sous ses pieds : il s’agit de Judith, meurtrière d’Holopherne, le général de Nabuchodonosor.
  • « La Crucifixion » (Vitrail n°18)
    Jésus est sur la croix. En haut, l’inscription INRI – Jésus de Nazareth, Roi des Juifs- exprime la moquerie de ceux qui L’ont crucifié.
    En bas à gauche, la Vierge est entourée des saintes femmes. A droite, les soldats exécuteurs. Au loin, Jérusalem, dans le dos du Christ, signe de malédiction.
    A genoux au pied de la croix, Marie-Madeleine porte une robe jaune comme dans « Le repas chez Simon » : elle est la pécheresse.
  • « La Résurrection » (Vitrail n°19)
    Il date de 1574. Ce vitrail constitue une allégorie où le Christ glorieux et ressuscité occupe le centre. Il est revêtu d’un manteau rouge – il est mort sur la croix par amour des hommes - et se trouve devant une sorte de mandorle jaune symbolisant la lumière et la foi. Ses pieds reposent sur un nuage blanc, symbole d’éternité.

Les soldats qui l’entourent sont aveuglés par la lumière et frappés de stupeur.
Au-dessus, sont peintes des scènes de la passion : en haut la flagellation, à gauche le couronnement d’épines, à droite Jésus devant Pilate.

TMH – novembre 2015

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