Conférence « Fortunée d'Este Modène, Princesse de Conti, dernière Châtelaine de Triel » du 25 mars 2023
Un public attentif et nombreux a répondu samedi dernier à notre invitation pour cette conférence de printemps présenté par Claude Barouh, grand « admirateur » de Marie-Fortunée, comme il se plaisait à la nommer.
Au terme de plusieurs mois de recherches et de préparation, notre conférencier du jour s’est attaché à nous faire entrer dans l’intimité de cette grande aristocrate italienne, devenue à 28 ans l’épouse du comte de La Marche, Louis-François Joseph de Bourbon-Conti, fils du Prince de Conti.
Avec son humour parfois corrosif, Claude Barouh a réussi à entraîner l’auditoire dans l’ambiance des XVIIème et XVIIIème siècles, la vie aisée des nobles aristocrates, oisifs par nature mais aussi fort occupés à visiter famille et relations de la bonne société, quand ce n’était pas jusqu’à parvenir à l’ultime consécration de la réussite, la présentation et la participation active à la cour du Roi.
Dans ce climat de réceptions et de marques de pouvoirs, Marie-Fortunée s’est montrée quasi transparente, traversant le XVIIIème siècle avec la discrétion d’une grande dame d’un autre temps, attentive aux petites gens et généreuse en dévotion religieuse.
Rapidement délaissée par son mari, Marie-Fortunée n’était pas dupe de l’impact de sa personnalité – voire de sa « laideur » - sur son entourage et elle aurait d’ailleurs pu s’exprimer ainsi, d’après l’observation du comte de Sade qui relate ce propos destiné à son tout jeune mari : « Monsieur, je ne suis point faite pour inspirer de l’amour, mais j’espère mériter votre amitié. Je mettrai tous mes soins à acquérir votre estime. »
Officiellement séparée de son mari en 1776, elle s’installe durablement dans une solitude uniquement partagée par ses quelques proches et sa « Maison » constituée du minimum de serviteurs indispensables à son rang, car ses moyens diminuent avec sa situation personnelle qui se dégrade avec le temps.
C’est en 1781 que Marie-Fortunée d’Este-Modène, Princesse de Conti acquière l’usufruit à vie de la Seigneurie de Triel et c’est dans « ce beau et grand château… » qu’elle passera quelques-unes des plus belles années de sa vie, avant les turbulences de la Révolution et de l’Empire.
Claude Barouh aura su nous peindre un tableau très évocateur de cette longue période troublée, peuplé des portraits des proches de Marie-Fortunée, et illustré généreusement suite à ses nombreuses recherches iconographiques. Le public, très sensible au langage fleuri de l’orateur, réagissant avec bonhomie à ses clins d’œil, ne quitta la salle devenue trop petite avec ses 80 places autorisées, que pour assiéger le stand des publications de l’association, au centre duquel chacun pouvait trouver lecture à son goût et notamment la copieuse monographie fraîchement sortie des presses et consacrée à notre dernière princesse de Conti.
(En vente en ligne sur le site TMH –La Boutique– prix 10 euros.)
Jean-Pierre HOULLEMARE – 28 mars 2023