Les Mémoires Vives

Entretien avec Monsieur Marcel ISY-SCHWART

Marcel Isy-Schwart, un Triellois peu ordinaire.

 

ID416 01 P150 MV Isy SchwartLe 14 avril 2012, pour ses 95 ans, il est né le 13 avril 1917, nous (M et Mme Leandro(1), M Danièle Biget(2) et moi-même, Dominique Paillet – Aerts(3)) avons essayé de voir Mr Marcel Isy-Schwart, dans sa maison de retraire de Suresnes. Il n'a pas été dans la possibilité de nous parler, mais simplement de nous remercier, donc, je me suis permis de faire un résumé de sa vie d'après le livre «50 ans d'aventures » écrit par lui-même, Marcel Isy-Schwart.
Marcel Isy-Schwart est donc un aventurier, un conférencier, un réalisateur et un écrivain français.
Il est né le 13 avril 1917 à Boulogne sur Seine, ses parents tenaient « un Bazar du Marché » à Billancourt. Il a deux sœurs et un frère. Emigrés roumains, ils vivent en France depuis 3 générations. Ses parents vont revendre « le Bazar du Marché » de Billancourt pour acheter « les Galeries Modernes » à Boulogne sur seine.
Cette envie d'aventures est née de sa rencontre avec différents soldats qui donnent envie de voyager, les zouaves, les spahis, les uhlans et aussi de la projection, à l'école d'un film sur les Indiens d'Amazonie.
A la suite de ce documentaire, sa décision était prise : « Il irait voir les Indiens d'Amazonie ».
Son père a, cependant exigé qu'il passe son certificat d'études. Il n'était pas très bon à l'école mais grâce à un camarade il réussit son examen et son père lui offre un aquarium de 100 litres avec des poissons exotiques.
Un avant goût et une aide pour les voyages et les visions sous marines. Il collectionne aussi les timbres, une autre façon de voyager et une invitation à l'exotisme.
Sportif, il aime la gymnastique, le patinage, le hockey sur glace, la natation.
Renvoyé de l'école, il essaie de travailler dans la boutique de ses parents et donne, aussi des cours de natation, notamment à une jeune femme qui le drague. En 1942, à 25 ans, cette amie lui offre son premier fusil de chasse sous-marin à Nice. Ce fusil avait été fabriqué par les Russes, bricolage lié à la période de rationnement.

(1) M et Mme Leandro ont travaillé pour sa famille.

(2) Ami et Triel d’Or 2002.

(3) Triel d’Or 2002.

Guerre de 1939 – 1945

Pendant la guerre de 39-45, sa famille émigre vers Toulouse et il essaie de les retrouver en étant dans l'armée. Ensuite, il a un accrochage dans une brasserie avec une rixe que qui lui vaut d'être embarqué par la police. Heureusement, un inspecteur le repère, l'enrôle dans la résistance et lui fait passer son diplôme d'inspecteur de police.
A l'époque, c'est assez incroyable d'avoir un juif dans la police de Pétain et qui faisait de la résistance.
Après la guerre, en 1946, il fonde, le club des chasseurs explorateurs sous marins avec Jacques Gadreau. Il rencontre aussi, le directeur du journal «l'Equipe», Jacques Godet, qui patronne un championnat de France de chasse sous marine aux Iles Lérins et il apprend à filmer au club des amateurs cinéastes de France qui deviendra le CAP (regroupement de cinéastes, surtout européens).
Pour la plongée sous marine, Marcel Isy-Schwart utilisait pour les masques, 2 poires à lavement pour changer la pression. C'était vraiment du bricolage. Les palmes n'étaient pas en caoutchouc souples mais étaient rigides.
Cette chasse sous marine lui a permis de manger du poisson pendant la guerre.
Un moment épique : il a tué une pieuvre pour manger mais comme il manquait d'air (il plongeait en apnée), il est remonté à la surface, juste sous les fesses d'un Allemand qui ne savait pas nager et qui était assis dans une bouée. Cet allemand avait un maillot de bain rouge, la pieuvre n'était pas tout à fait morte, quand elle a vu le rouge du maillot, c'est comme un taureau, elle est devenue folle Il a remorqué la pieuvre, la bouée et le soldat jusqu'à la plage. Il a tout de même gardé son trophée, c'est-à-dire le poulpe qui faisait 13 kilos.
A la libération, il a démissionné de la police et il retravaille quelques temps dans le bazar familial à Villers sur Mer pour aider son père, aveugle, suite de la 1ère guerre et il a donc commencé comme ça. Puis il remonte sur Paris, pour ne pas quitter le monde de la plongée, il est devenu représentant en équipement de plongée et de chasse sous marine.
En 1949, il organise une expédition en Méditerranée sur les côtes d'Italie, de Sicile et de Tunis. C'est vraiment le premier film sous marin, en noir et blanc.

ID416 02 P180 MV Isy Schwart

En 1950, il va aux Iles Canaries, il fait son premier film en couleur, premier film sous marin.
Marcel Isy-Schwart rencontre un banquier brésilien, milliardaire qui l'invite 6 mois, pour étudier la faune sous marine au Brésil. Il est devenu là-bas recordman de pêche sous marine au mérou. En France, les mérous font environ 35 kg, au Brésil, ils font 110 kg.
Marcel Isy-Schwart n'avait pas beaucoup de culture mais il a lu beaucoup d'écrits d'aventuriers, a rencontré beaucoup de personnes comme Charcot, Paul Emile Victor, Frison-Roche, Maurice Herzog, Henri Manfred, Haroun Tazieff et il a relu beaucoup Jules Verne, Saint Exupéry, Kessel, Monfreid.
Il s'est fait sa culture tout seul.
Pour partir dans ce voyage au Brésil il a vendu tout ce qu'il possédait : sa voiture, ses timbres, ses bottes, son fusil de chasse, il a acheté 40 bobines de 16 mm de pellicules et le billet pour Rio. Il est soutenu par Jeanne la modiste qui lui avait offert le fusil de chasse sous marine. La meilleure période pour la chasse est de décembre à mars et en janvier 1951, il part à Rio.

Rio de Janeiro et Genaro au Brésil.

Au Brésil, il rencontre Génaro un plongeur, chasseur et cinéaste. Il assiste au carnaval 4 jours et 4 nuits et il va pêcher ce fameux mérou qui lui a valu le championnat du monde. Pour cette fameuse pêche, personne ne le croyait. Il a plongé 50 fois d'affilée, personne dans le bateau n'a voulu l'aider, il ne trouvait plus l'emplacement où il l'avait tiré et les autres en riaient et finalement, il réussit à le retrouver. Ils ont mis 30 mn avec les autres pour le hisser sur le bateau et au yachting club il a fallu 10 hommes pour mettre le poisson sur la bascule, 178kg, le record du monde, la tête coupée à la hache 42kg, la langue 2m20, la largeur 1m20. Il devait avoir 100 ans.

ID416 03 P600 MV Isy SchwartDe retour en France, il fait la 1ère projection du film sur le Brésil pour Jeanne et le présente à Camille Kiesgen, responsable de « Connaissances du Monde », ce dernier va régler tous les frais de location de la salle Pleyel(2 soirs), la publicité, les journaux, etc. Ce film s'appelle « Au Pays des Mérous Géants ». Un article est sorti dans Paris Match 15 jours avant, il y a 2550 places à Pleyel, 2 soirs complets, il a fallu rajouter deux séances supplémentaires.
Il est resté 50 ans comme « reporter » pour Connaissance du Monde.
Il devient aventurier cinéaste, il parcourt le monde ; ses régions préférées: le Brésil (29 voyages), Tahiti (27 voyages).

Haiti.

En 1952, il part en Haïti car pour retourner au Brésil, le temps est trop mauvais. Il est reçu par l'Ambassadeur de France, lui-même qui lui fournit le meilleur hôtel, voiture avec chauffeur, avion particulier plus un bateau de guerre (il n'y avait rien d'autre), 20 marins et 3 officiers.
Un gros dilemme se pose à lui : rester en Haïti avec une vie de milliardaire ou partir en République Dominicaine, comme initialement prévu.
A la suite de ses repérages, Marcel décide de rester en Haïti.
Là-bas, il rencontre, Gustave, « Le Tarzan des Caraïbes ». Originaire du Tyrol autrichien, il a inventé les bateaux à fond de verre pour touristes afin de voir les fonds sous marins. Cet homme, dresseur de poissons pilotes, organise des spectacles avec des requins pour les touristes. Marcel et Gustave ont réalisé un film sur « Anatole, le poisson pilote ». Ce film a été acheté par les Etats-Unis et par Paris-Match en février 1953. Lors de la venue du Président du Nicaragua Somoza à Haïti, il devient reporter. Pour ses 35 ans, Jeanne débarque à Haïti, mais Jeanne ne veut pas d'enfants. Elle dit qu'elle a déjà 40 ans et donc ils se séparent. Le président d'Haïti, (pas les dictateurs), lui donne un chèque pour ses conférences « Haïti, Atlantide des Caraïbes » mais le chèque, Marcel ne le prend pas et le donne à la Croix Rouge d'Haïti. Il a dit qu'il reviendrait en Haïti pour des conférences.

ID416 04 P800 MV Isy SchwartSur son retour, un ami Calman Levy lui demande, en passant à Rio, de rencontrer Jacques Fath, le grand couturier, qui est en déplacement avec trois mannequins. Le rendez-vous est pris, présentation aux mannequins et coup de foudre avec Françoise. De Rio, Marcel Isy-Schwart suit Françoise, pour le défilé à Sao Paulo. Avec Françoise qu'il a épousée, il aura deux fils Cyril et Lionel.

ID416 05 P600 MV Isy SchwartChez les Meinakos.

Entre 1953 et 1976, il va faire trois expéditions chez les Indiens dans la forêt amazonienne, des habitants vivants à l'âge de pierre. Sa première expédition, il va la faire avec le service de protection des Indiens, il emmène le matériel minimum, et pas d'armes. Quatre tribus différentes sont visitées dont les Meinakos, peuplade moins connue que les autres, car plus loin dans les terres, les autres étant plus au bord des rivières et des lacs.

ID416 06 07 L800 MV Isy SchwartIl y a donc des échanges de cadeaux où il reçoit des arcs, des flèches, des coiffes en plume de perroquets. Il reçoit aussi des masques, des flûtes et des colliers en dent de singe. Il fait un essai de magnétophone avec le chef et ça déclenche des rires. Il essaie d'apprendre 15 mots par jour et il remarque qu'il n'y a pas d'alcool, pas de drogue, pas de vol, pas de mensonge et un grand respect. Il les quitte au bout de trois mois.

ID416 08 P600 MV Isy SchwartPour le deuxième séjour, il rencontre l'ex- roi des belges, Léopold, qui est un grand ami des Indiens et il va pouvoir projeter son film en rentrant à Bruxelles et également dans le palais du roi.
Le troisième voyage va avoir lieu en 1976, sur le sujet de la déforestation pour la compagnie trans- amazonienne. Ses hommes vont faire une chasse aux orchidées demandées par le Muséum d'Histoire Naturelle de Paris. Ils partent à trois, deux cameramen et un humaniste et ils rencontrent le chef Raoni qui parle portugais, mais qui vient dire qu'il a tué cinq travailleurs portugais avec des flèches parce qu'il y avait des machines à déforester sur leurs territoires. Donc, c'est une fuite du gibier, il y a moins d'arbres. Malgré les conditions, Marcel décide de le rencontrer. Il forme une équipe avec deux interprètes, trois pirogues et vingt hommes pour plusieurs jours et ils donnent des cadeaux, au départ, en disant qu'au retour, avec les orchidées, ils donneraient d'autres cadeaux. Ils respectent le rythme de vie des Indiens qui est lent et pour le départ, ils se sont tous maquillés. Quand ils trouvent des orchidées, ils les emballent dans du papier de soie avec du linge fin et une ouate humide. Ils rayonnent 3 semaines autour du camp. Ils ont aperçu une couronne d'orchidées sur un arbre, à 30m et un indien, malgré la négation de son chef, a décidé d'aller la chercher.
Le chef Raoni, de cette tribu des Meinakos est connu de toute la planète. C'était l'ambassadeur des Meinakos de l'Amazonie. Ses descendants suivent la même piste, aussi (fils et petit fils). Pour défendre la cause des Indiens et lutter contre la déforestation, le chef Raoni passe à la télévision, donne des conférences et des interviews. Il a été reçu à l'Elysée par le président François Mitterrand. Il a fait une tournée mondiale et revient à Paris où Bertrand Delanoë le reçoit à l'Hôtel de Ville.

ID416 09 L400 MV Isy SchwartLa guerre des langoustes.

Pendant un autre voyage au Brésil, Marcel Isy-Schwart a filmé beaucoup de nature et a pris aussi un film sur les langoustes. A son retour, il a présenté son documentaire à des pêcheurs de Camaret. Ces derniers ont repéré le coin des langoustes et ont carrément été pêché les langoustes sur le territoire brésilien. Ca a failli déclencher la guerre de la langouste entre la France et le Brésil du temps de De Gaulle. Heureusement, les pêcheurs sont retournés à Camaret.

Les iles Fidji, la Nouvelle Calédonie et Tahiti.

La lecture d'un écrivain anglais, décide de son départ pour les îles Fidji, dans le Pacifique, sous l'Equateur. Le livre parle de capture de pieuvres géantes avec des appâts humains. Il veut filmer cela et rencontre l'auteur avant de partir. Il part en avion, puis, il prend un bateau qui passe une fois par mois. A l'arrivée, il découvre que c'est une affabulation et est déçu. On lui conseille d'aller dans l'île de Suva. Il fait donc sa chasse sous marine à Suva et avec un prince, à Tonga il mange le plat royal, c'est de la chauve souris (il parait que c'est infect). Il filme une tortue géante de 185 ans. Il entend à la radio qu'il y a un championnat de chasse sous marine en Nouvelle Calédonie et part. Il envoie un télégramme au Club des Chasseurs sous Marins de la Nouvelle Calédonie et par hydravion, il y arrive. Il a eu un bungalow dans la baie des Citrons, il est accueilli chaleureusement par une haie d'honneur, faite par vingt fusils sous marins.

ID416 10 L200 MV Isy SchwartIl a fait 17 fois le voyage aux Iles Fidji. C'est un pays où il y a beaucoup de nickel et de coquillages. Il a tourné le film qui s'intitule « Joyaux de la Mer de Corail ». Pendant 3 mois, il a pris les récifs coralliens. Il a fait 1600kms tout autour des récifs. On lui a même passé un avion pour survoler les lagons. Il a filmé aussi les Canaques qui capturent les serpents de mer pour leur consommation. C'est pourtant une espèce dangereuse qui mesure 1m40 de long. Donc, deux personnes plongent en même temps et prennent chacun un serpent dans chaque main en moulinant. C'est aussi mortel qu'un cobra. Ils les assomment sur le plat de l'eau en sortant et ils les croquent avec leurs dents pour détruire la boite crânienne. Après la recette, c'est 30mn au court bouillon, mais ça a un goût affreux. La 2e fois qu'il est retourné à Nouméa chez les Canaques, pour projeter le film, il avait pensé faire deux représentations. En fait, il a fait 27 séances de 1000 places soit 27 000 personnes sur 40 000 habitants. Il a cependant formulé un souhait : qu'on lui facilite les déplacements entre à Nouméa – Ouvéa. Un avion militaire a été mis à sa disposition et l'a emmené projeter le film à l'endroit où il l'a tourné, là, où il a filmé les Canaques et leurs serpents de mer. La projection a eu lieu dehors et tout le monde était là.
En 1955, il se rend à Tahiti par le Canal de Panama, un mois de navigation avec sa femme Françoise. Il retrouve par hasard, quatre amis qui ont fait le tour du monde en faisant de la chasse sous marine et en fait, ils partent pour une tournée dans toutes les îles avec un administrateur général de l'archipel Tuamotu, sur une goélette avec un directeur d'enseignement, un juge, un médecin, un botaniste et un infirmier. Et à chaque escale, c'est la fête, banquet, langoustes, poissons crus, poulets, bananes, papayes et mangues. Dans ces îles là, on trouve du coprah et de la nacre, des perles noires naturelles. Il a fait une plongée avec 100 requins avec la peur d'une curée. Les hommes ont des harpons de 2 m avec une pointe d'acier de 50 cm. Ils plongent sans palme, sans masque, sans tuba mais avec des lunettes qui sont des bouts de verre cerclés de nacre. Le film qui est sorti était « le Combat des Requins pour un gros Poisson ». Et ce film est passé aux Coulisses de l'Exploit, à la télévision.

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Incroyable Amérique.

Ensuite, il a fait un voyage en Amérique. Il admirait les Américains qui étaient intervenus pendant la 2e guerre mondiale mais il n'appréciait pas cette hégémonie américaine apparente, il voulait mieux les connaître et avoir sa propre opinion. Il est parti aux USA avec un thème apolitique et plutôt une étude sur l'Amérique profonde. Donc, en 1958, Françoise et lui débarquent à New York. Ils ont voyagé sur le paquebot France. A l'arrivée, c'est Françoise qui est prise en photo plutôt que lui. Ils achètent une Ford décapotable et ils roulent vers l'Ouest. Il y a beaucoup d'autoroutes et de panneaux. Ils filment sur Las Vegas, sur Los Angeles. Ils rencontrent notamment à Los Angeles, un consul de France qui s'appelle Romain Gary et qui a écrit « les Racines du Ciel ». Ils découvrent Disneyland et des rodéos. Ils rencontrent à Disney land, Walt Disney, en personne qui lui conseille de filmer de manière à plaire aux enfants, car pour lui, tous les adultes sont tous des enfants quelque part. Ensuite, il filme dans le désert des cimetières d'avions à réaction sur un kilomètre, des puits de pétrole, des déchets de voitures et de tramways et un rassemblement 25000 Indiens de diverses tribus. Il rencontre finalement un chef apache qui a fait la guerre en France. Il a sillonné les Etats Unis pendant 3 mois.
Dans les anecdotes, le sculpteur César a été inspiré par les photos des tas de ferraille des voitures et des avions aux Etats-Unis réalisées par Marcel Isy- Schwart pour ses sculptures avant-gardistes. César se rend à Triel, chez les Isy-Schwart, dans la ferme retapée de Pissefontaine qui sert de musée. Il y refait la cheminée.

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César veut faire un cadeau à son ami, pour le remercier de l'idée des compressions et Isy va chercher le cadeau surprise dans une galerie à Paris. En fait, c'est un grand poisson de 2 m de long en ferraille en art abstrait et comme Isy-Schwart ne comprend pas cet art là, il refuse le cadeau, mais ensuite on a su que le poisson était estimé à 2 millions de dollars !

ID416 13 14 L600 MV Isy SchwartRésurrection du cheval Tarzan.

Autre anecdote : à une projection «Incroyable Amérique » à Waterloo, un spectateur achète un disque de chants indiens. Il veut l'offrir à son cheval « Tarzan » comme cadeau de Noël. Ce cheval est venu du Dakota, il appartenait à des Peaux-Rouges et il est déprimé. Il avait été acheté à l'exposition universelle de Bruxelles. Cela semblait bizarre à Isy-Schwart, et 3 ans plus tard, repassant à Waterloo, pour une conférence, il espère voir le spectateur qu'il avait vu auparavant. Effectivement, il le revoit pour lui dire que le cheval « Tarzan » revit et hennit de nouveau. En fait, il lui passe le disque chaque dimanche et depuis, il a eu un poulain de ce cheval et il s'est permis de le baptiser « Zizi » comme Isy-Schwart.

Le Brésil et la région Pantanal ou Mato Grosso.

Ensuite, il est retourné au Brésil, dans un ranch, chez un ami, dans le Mato Grosso pour voir l'activité de la région pour l'élevage de bovins et là, on est dans une période de sécheresse, de famine, les bêtes du troupeau sont dévorées par les crocodiles. Il y a 20 000 bêtes sur ce ranch, mais c'est terrible ; tout le troupeau commence à se décimer. (Certains propriétaires peuvent avoir 100 000 bêtes). C'est déjà un gros propriétaire. Le troupeau peut aussi être dévoré par des serpents ou des vautours. Donc, il faut un repérage en avion, car à cheval, c'est impossible de connaitre la cause de la mortalité réelle du troupeau. Il y a la présence de 4000 à 5000 crocodiles dans un point d'eau énorme donc le contremaître tire toutes ses munitions sur les crocodiles pour qu'ils se mangent entre eux. Zizi filme pendant ce temps là. Ensuite, le contremaître attache un gros castor de 15 kg pour les crocos, malheureusement, le contremaître glisse dans l'eau et Zizi le sauve in extremis de la curée. Cette séquence sert pour le film avec Jean Paul Belmondo dans « l'Homme de Rio ». Brigitte Bardot, qui était au Mexique, à l'époque, voit le film sur les crocos ; en amie des bêtes, par téléphone, elle casse son amitié avec Isy-Schwart et lui demande de quitter l'appartement qu'elle lui avait prêté à Rio. Il est obligé de partir.

L'Homme qui parlait aux oiseaux - mouches.

Isy-Schwart retourne à Rio, toujours avec des amis et visite un très beau et fameux jardin et son petit lac, à Gavea. On y découvre une énorme collection d'orchidées du monde entier et une collection d'oiseaux incroyables. La réserve d'oiseaux est telle que ça demande 5 employés à temps complet. Le médecin qui est propriétaire, l'envoie chez un naturaliste pour faire un film sur les colibris pour la société des explorateurs français. Il lui offrira une copie du film, sans droits en retour. Les volières, chez ce naturaliste, font en longueur, 50 m, en largeur 15m, en hauteur 7 m. Dans une seule volière, il y a 400 oiseaux –mouches.

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Pour les nourrir les oiseaux en liberté, on a besoin de 15kg de sucre par jour, pour leur fournir de l'eau sucrée dans des biberons. L'oiseau-mouche peut faire un vol stationnaire comme les hélicoptères, cela représente 80 battements d'ailes par seconde. Il peut migrer sur 3000 kms et sa taille peut aller de 6 à 18 cm. L'oiseau-mouche a besoin de 150000 calories par jour, alors que l'homme n'a besoin que de 3500. Il se nourrit tous les 15 mn, ils font 60 repas par jour ce qui équivaut à un homme mangeant 150kg de viande. Ils ne sont pas craintifs parce qu'ils volent vite et ils préfèrent les fleurs rouges. Ils partent en expédition pour filmer la capture des oiseaux en jeep, ils ont réussi à capturer des espèces rares et même une espèce inconnue, ils ont donc donné le nom de « Schwart » à une espèce d'oiseau-mouche. En fait, le naturaliste est mort prématurément, après avoir touché une grenouille toxique de 4 cm qui avait un mucus sur son corps qui équivalait au curare. Le chef Raoni des indiens Meinakos a été appelé en secours avec son sorcier, mais ils n'ont pas réussi à le sauver. Après la mort de ce naturaliste, le gouvernement brésilien émet un billet de banque à son effigie et avec des oiseaux-mouches.

Expédition scarabée, c'est un reportage en Afrique Noire, sur les insectes et en fait ce qui l'a décidé, ce sont des insectes sur un magazine chez un coiffeur et aussi des visites au Muséum d'Histoire Naturelle de Paris. Il décide de les filmer, vivants, en macro.

ID416 16 17 P400 MV Isy SchwartIl a besoin d'un entomologiste pour l'Afrique Noire et on lui conseille d'aller au Zaïre anciennement le Congo où il y a 70% des insectes africains. Il n'a pas les moyens financiers bien sûr, il ne peut fournir que du matériel. Il a un contact avec un médecin au Cameroun et avec un photographe. Au club Med., où il passait ses vacances, il donne une conférence sur les Indiens du Brésil. A la fin, il annonce l'expédition en Afrique, et il y a quelqu'un, collectionneur d'art africain qui veut venir s'en occuper. L'expédition se prépare, l'entreprise Renault fournit dans la section « Saviem » 2 camions plus une 4L ; Elf fournit le carburant ; UTA fournit les billets d'avion aller et retour Paris-Kinshasa et l'hôtel. Un cargo transporte les véhicules de Rouen au Zaïre et l'équipe part du Bourget pour Kinshasa. Elle a une lettre de recommandation du Président Georges Pompidou pour Mobutu pour la protection et l'aide. Sur place, Isy Schwart embauche 3 aides. Par voie fluviale de préférence à la piste, ils se rendent au pays des pygmées en 7 jours. Pendant ce temps, ils ont des cours d'entomologie à bord, grâce au professeur qui les accompagne. Ils ont eu droit de manger des vers blancs et du singe grillé, c'est vraiment de base ! Les insectes représentant 80% de la vie animale sur terre, c'est vraiment un sujet important. On n'en connait environ que 10%. Ils vont faire un séjour dans la forêt Ituri chez les Pygmées qui ont une très grande mobilité du regard et qui les aident à attraper les insectes. Ils leur montrent des photos plutôt que d'expliquer et ils demandent surtout des insectes mâles. En échange, ils leur donnent des cadeaux, ils vont aussi à un lac Aabat. L'entomologiste a une véritable dextérité avec le filet à papillons pour attraper les insectes. Ensuite, ils vont faire l'ascension de la Montagne Rowenzori où il y a beaucoup de mousses et de lichens :on est entre le ciel et la terre, en suspension, et là, ils montent jusqu'à 5127 m d'altitude pour rechercher une sorte de criquet. Il y a 25 porteurs plus les 5 de l'expédition, soit 30 personnes et 3 jours de montée. Ils ramènent 182 criquets dont un méconnu qui a été baptisé Schwarty en l'honneur d'Isy-Schwart. Ce qui fait qu'il est déjà parrain d'un oiseau mouche et d'un criquet. A la descente, il y a un souci! Le docteur avait caché qu'il avait frisé l'infarctus à la montée et donc, il est rapatrié au Cameroun en vitesse, mais sa vie est sauve. Après ils escaladent encore un sommet à 3200 m et, puis ils leur arrivent une aventure dans un village. Un enfant se jette sous les roues de la 4L, tout le village veut les lyncher, ils sont obligés de fuir mais ils ont eu le temps de voir que l'enfant n'était pas trop touché. Ils ont dû fuir, sinon ils vont y laisser leurs vies. Ils sont très mal à l'aise, ils arrivent devant un fleuve, il y a un bac et comme c'est la nuit, il n'y a plus de bac. Ils sont poursuivis, ils demandent des pirogues pour aller à la gendarmerie, située sur la rive en face. Ils ont abandonné le matériel et la collection d'insectes dans un petit bois. Cent villageois débarquent; heureusement les piroguiers ont amené les pirogues, les gendarmes sont intervenus sur l'autre rive et Isy Schwart a dit qu'ils avaient la protection de Mobutu et ça s'est terminé avec un coup de feu en l'air afin que les piroguiers les amènent du bon côté. Ils sont partis rechercher le matériel qui heureusement, n'avait pas été ni trouvé, ni saccagé. Et les camions qui suivaient la 4L arrivent enfin. Les autres membres de l'expédition ne comprenaient pas ce qui se passait.

C'était l'exploration « Scarabée » qui s'est poursuivie par la descente aux enfers.

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C'est-à-dire qu'ils ont toujours continué cette exploration, mais ils sont allés dans la zone Est du pays, vers la lac KIVU où il y a les plantations de café du consul de France. Le Consul est absent, sa femme les loge, mais dans une réserve à café minable, où le sol est pourri, tant et si bien qu'Isy-Schwart chute du haut de l'escalier, plusieurs mètres ; il ne peut plus bouger ; 40kms pour avoir un médecin, le supplice de la piste, une grande plaie, cinq côtes cassées, risque d'hémorragie si la côte transperce le poumon. Donc, il doit rester un mois et demi tranquille et être évacué à 200 kms de là, toujours au Zaïre. A l'hôtel, il trie les insectes pendant que les autres les chassent. Il reprend la route au bout de 8 jours pour aller au lac Tanganyika. La piste est un martyre, heureusement après il y a deux jours de navigation sur le lac, c'est plus supportable. L'hôpital l'oblige finalement à un repos de dix jours et les trois autres membres continent tout seul. Au niveau du lac Tanganyika, c'est une zone où il y a beaucoup de minerais : cuivre, cobalt, antimoine, argent, uranium, manganèse et fer. Près de la capitale, il y a un barrage de gendarmerie. L'expédition scarabée est attendue. Vérification. Vérification de l'hôtel où ils descendent et finalement à l'hôtel, Isy-Schwart est arrêté par deux policiers à 22 heures pour un soit disant pot chez le président ! En fait, il est mis en prison et y retrouve 50 personnes qui ne connaissent pas, eux non plus, la raison de leur arrestation. En fait, il y a eu erreur de nom, c'était un collègue à lui de l'expédition qui avait volé des collections dans un musée. Celles-ci étaient déjà en Europe. Donc, Isy Schwart a proposé un marché : que cette personne parte le lendemain sans scandale et lui n'ébruiterai pas l'affaire de son sort en prison qui était vraiment une bavure. Ainsi fut fait, les trois collègues rentrent et Isy-Schwart reste dans le Zaïre pour voir le parc Albert. Mobutu, le dédommage, lui donne des billets d'avion pour le parc Albert, aller et retour, et il est très bien reçu au parc ; il a même un avion pour survoler et voir vingt cinq mille rhinocéros, des pélicans, des buffles, des éléphants, des hippopotames et des antilopes. Il fait donc un film Congo-Safari et le professeur qui assiste à la projection du film lui demande de faire la projection également au Muséum. La collection d'insectes ramenés contenait 167 espèces inconnues. Il a un peu le trac car il a à peine le certificat d'études et il va se trouver devant des cerveaux ; mais il a été ovationné, il a eu comme cadeau 42 cadres avec des beaux insectes de l'expédition qui ont été offerts par le Muséum. Les collections volées au Zaire figurent au musée des Arts Premiers de Jacques Chirac. Le voleur est mort avant l'ouverture de ce musée qui a eu lieu 32 ans après l'expédition.

Ensuite il est parti dans la Serra Pelada, en Amazonie. Suite à l'appel d'un caméraman du Brésil, Isy Schwart décide de partir en Amazonie pour filmer l'extraction de l'or dans les mines. C'est interdit pour lui, qui n'est pas Brésilien d'aller dans la mine et après son voyage de Rio - Belem de 1500 bornes, il est obligé de retourner à Rio et de là à Brasilia, à l'ambassade de France pour obtenir les autorisations nécessaires. La découverte de cette mine, c'était une terre inculte au début, avec une forêt, propriété de 1000 ha, le propriétaire et son fils par un temps de gros orage, il y avait un arbre déraciné par la foudre, et ils ont buté sur une grosse pierre. Ils l'ont soulevé, elle était très lourde, ils l'ont porté à un expert ; c'était une pépite de 3 kg à 90% d'or. Donc, il y a eu un torrent d'or après l'orage, ça a été connu dans tout le Brésil, si bien qu'il y avait deux mille hommes qui débarquaient en quelques jours ; et un mois après, il y avait vingt cinq mille hommes.

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Le propriétaire touche 30% des découvertes. Il n'y a pas de triche sinon ils sont tués. Du coup, il y a beaucoup de petits commerces autour de la mine, de la bière et des femmes. Ensuite, il y a eu l'intervention du Gouvernement, il y a eu un décret au Patrimoine National, réservé aux géologues et ingénieurs; ils indemnisent le propriétaire. Isy-Schwart demande à un jeune, plutôt que de creuser dans la mine, de lui porter son matériel de cinéma, et il a filmé cette vie de bagnards, 25 000 qui portent des sacs de 30 kg de terre à la surface et qui grimpent sur des échelles de bambous.

ID416 20 L400 MV Isy SchwartQuand il est arrivé le premier jour, pour filmer, les 25 000 ont arrêté de travailler dans un silence total pour le voir descendre avec son matériel et, quand il est arrivé au fond, tout le monde a poussé un grand cri de joie.

Le jeune qui l'accompagnait, n'arrêtait pas de lui réclamer ses bottes et Isy-Schwart lui a répondu qu'il en avait besoin pour marcher. Les terrains pour extraire et pour travailler sont tirés au sort par l'Etat, des lopins de terre de 4m sur 2m et il y a une liste d'attente, sauf si on trouve un autre terrain, si quelqu'un meure ou si quelqu'un se blesse. C'est une ambiance de douleur, d'espoir, de folie, d'épuisement avec des blocs de pierre qui tombent. Isy-Schwart a rencontré un homme qui a travaillé 60 ans dans la mine. Le jeune qui l'accompagnait, a eu une concession et a demandé à le quitter, il était plus intéressant de prendre l'or, plutôt que de porter son matériel. Il redemande encore une fois, les bottes, et il lui avoue qu'Isy-Schwart a été un père pour lui, qui était orphelin. Donc trois semaines, après, Isy-Schwart prend un avion- taxi pour retourner à Brasilia-Rio et le jeune vient en courant lui dire au revoir, il est triste, il lui redemande encore les bottes et il lui offre sa première pépite qu'il a trouvé dans son exploitation.

ID416 21 L250 MV Isy SchwartDu coup, Isy-Schwart lui donne ses bottes et monte en chaussettes dans l'avion. Il refuse la pépite et ce qu'attendait le jeune, ils se sont embrassés. Le jeune finalement, grâce à son exploitation a pu avoir un garage, il s'est marié et le jour du mariage, il avait les bottes d'Isy-Schwart aux pieds.
Un autre chapitre, ce sont Les Marquises. Isy-Schwart s'est intéressé depuis 1955 à la Polynésie. Il est allé 19 fois, et en 1987, il s'est appesanti sur Les Marquises. Il est allé dans plusieurs îles, dont Hiva Oa, c'est là qu'il y a le cimetière de la baie des traitres où sont enterrés, Paul Gauguin et Jacques Brel.

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Il y a une histoire qui se raconte. Il y avait un collège catholique avec une religieuse et un vieux prêtre qui un jour, n'était pas en forme pour faire son homélie; il avait dû avoir un genre de petite attaque cérébrale. La sœur lui dit « je vous donne un bol de tisane et vous serez guéri. » Effectivement, ça a marché et avant chaque sermon, le prête demandait un bol de tisane et la religieuse s'est aperçue que c'était des feuilles de coca qu'elle avait pris et le vieux prêtre devenait accro. Voilà pour l'anecdote.
Ce film qui est sorti à la suite de tous ces voyages ; c'était « Tahiti, Marquises, Paradis des mers du sud » qui était donné Salle Pleyel.

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Pour terminer, il se considère comme archi-millionnaire grâce à ses voyage et à ses rencontres. Il est passé sur France Inter à la radioscopie de Jacques Chancel. Il a d'abord, envoyé ses livres à Jacques Chancel, pour que celui-ci puisse les lire et ensuite, il s'est rendu à la Maison de la Radio en direct et, sans rencontrer Jacques Chancel auparavant. Il avait le trac et, heureusement, Jacques Chancel a démarré sur la chasse sous-marine et ça a débloqué la situation. Il a avoué qu'il était très riche, riche de films et si on comparait toute la somme de tous les millionnaires par rapport à ces 40 ans d'aventures, il ne voudrait absolument pas changer car ça lui a procuré une vie intense et du bonheur. Il a donné beaucoup de conférences, alors qu'il avait à peine le certificat d'études. Il a fait rêver, il a suscité des vocations. Il parle avec son cœur et ses tripes.
Donc, 50 ans de conférences à Connaissances du Monde, 14 longs métrages. Pour sa dernière conférence en l'an 2000, sa femme, ses fils et ses petits enfants étaient présents.Toujours, il s'exprime avec verve, humour, carisme. Le médecin lui a interdit de plongée en apnée, mais finalement, avec un scaphandre et pas plus de 10 m de profondeur ! Lui, il a rajouté la TVA... et ça a fait 15m ! En plus de sa carrière comme conférencier à Connaissance du Monde, Marcel Isy Schwart a écrit 18 livres sur le Congo, les Mers du Sud, Tahiti, Haïti, l'Amérique, le Brésil, la Calédonie, sur la chasse des gros poissons, le corail, les fonds marins.

ID416 24 L600 MV Isy SchwartIl a été l'invité d'honneur en 1998 du Festival mondial de l'image sous-marine. Et dans sa carrière, il a eu la médaille d'or de la FFESSM (Fédération sous marine). On l'appelle donc Zizi pour les intimes ou l'homme au collier en dents de singe, collier offert par Raoni, le chef des indiens Méinakos d'Amazonie. Il a reçu, en hommage à sa carrière une caméra d'or et sa commune d'adoption, Triel-sur-Seine, lui a remis en 2002, un Triel d'Or.

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Marcel Isy-Schwart est décédé le 07 septembre 2012.

Un condensé de la vie de l'aventurier triellois, par Dominique Aerts, d'après le livre de Marcel Isy-Schwart, « 50 ans d'explorations». (2012).

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