Les Mémoires Vives

M. Jean Aymé évoque la fanfare de Triel

Entretien de Dominique Aerts avec M Jean Aymé, 91ans, en mai 2011, en sa demeure, Place de la mairie à Triel.

 

La fanfare a été créée après la guerre de 1870.ID483 05 etendard fanfare


On pouvait y distinguer trois niveaux de compétences :

  • Le président gérait et représentait civilement la fanfare. M Senet, parfumeur à Paris, après la guerre, M. Léon Leblond, boucher exerçant au 137 rue Paul Doumer, puis Henri Prévost, grossiste aux Halles de Paris, habitant rue de la Gare, à la Mamounia, en autres, ont assuré cette fonction.
    Un des trésoriers a été M Ciza, père.
  • On pouvait être membre honoraire pour 10 francs, 25 francs ou 50 francs.
  • Le chef musical gérait et encadrait tous les musiciens.
    De 1913 – 1914 à 1932, Guillaume Réveillé, chef de musique militaire à Saint-Germain-en-Laye, a assumé ces fonctions de chef de musique à Poissy et à Triel.
    Mon grand père Noé Aymé, né en 1864, a fait partie de la musique dès son arrivée à Triel en 1885, puis mon père Noé Aymé, aussi, né en 1889 a dirigé la fanfare de 1932 à 1936.
    Au décès de mon père en 1936, un chef de Paris est venu et la fanfare a pu un peu continuer.

ID483 02 Fanfare 1924Une fanfare comprend des instruments à cuivre et des saxophones. Une harmonie est un orchestre composé uniquement d’instruments à vent et de percussions (clarinette, hautbois, flûtes, bassons et...).
M. Noé Aymé, mon grand père jouait de l’alto, mon père, Noé Aymé jouait du bugle
et moi de l’alto, du trombone et de la basse et ma sœur, Madame Moinet, du saxophone soprano.
Dans la fanfare de Triel, on comptait des bugles, des trompettes, des saxos, des altos, des barytons, des basses et trombones.
Les enfants des musiciens de cette époque ont à leur tour participé à la bonne marche de la fanfare.
L’Harmonie de Poissy jouait souvent avec nous.
En 1858, il y a eu aussi à Triel, un orphéon (chorale de voix d’hommes ou de voix mixtes d’enfants).

Les manifestations de la fanfare
Elles ponctuaient la vie de la commune toute l’année.

ID483 03 Fanfare

  • Le 1er janvier sur la place de la Mairie, aubade pour le Maire et le Conseil Municipal, présentation des vœux au Président de la fanfare et le legs Senet à une Trielloise méritante.
  • A Pâques, dans le temps, on jouait sur la place de la mairie puis après au cinéma.
  • En mai, il y avait la fête de Pissefontaine, sur la place avec le bal Aleaume.
  • En juin, c’était la fête à l’Hautil, la gymnastique se montrait et la musique donnait un concert. Cela se tenait sur la place derrière l’école.
  • Le premier dimanche de juillet, c’était la fête de Triel, la fanfare donnait un concert sous la tente Aleaume. M. Aleaume qui demeurait au 30 rue Paul Doumer, à Triel, était lui même un musicien de la fanfare. Il avait un bal parqueté avec 3 poteaux. Cela se tenait sur la place du marché, place Foch, actuelle.
  • Le 13 juillet, il y avait le défilé de la retraite aux flambeaux. Le 14, il y avait concert avec les prix des écoles, avec le maire et le conseil municipal. On avait notre petite ritournelle à chaque prix d’excellence ou d’honneur et en final la Marseillaise.
  • Le 3e dimanche de septembre, la fête du Pont, de nouveaux concerts. (rive gauche, quai Aristide Briand).
  • On jouait pour les Vêpres de la Toussaint, au 1er novembre. On montait au cimetière avec les anciens combattants. Ils lisaient la liste des morts à tour de rôle. On jouait la Marseillaise et on redescendait en musique et après dislocation.ID483 04 Journal poissy 1926
  • Autour du 22 novembre, c’était la Sainte Cécile, banquet dans un restaurant de Triel, le dimanche matin défilé, le dimanche midi, repas entre les musiciens, l’après midi concert et le soir, bal au cinéma Poher.
  • Au banquet du samedi soir de 1935, chez Berton place de la gare, il y avait 100 personnes dont 40 musiciens et leurs femmes et des personnalités. Mon père qui dirigeait la fanfare est mort le 27 janvier 1936.

Mon père, Noé Aymé – fils, a pris la suite de M. Réveillé : deux jours par semaine solfège pendant un an, deux jours par semaine, instrument pendant un an et le samedi soir, répétition générale. Il fallait un an avant d’être sur les rangs et au début mon père les prenait un soir par semaine, en plus. Tout ça gratuit. Il avait une petite paie de chef de musique. Pour ceux qui ne pouvaient pas avoir d’instruments, la musique en avait quelques uns, on leur en prêtait.
(Article extrait du Journal de Poissy - 1er décembre 1927).

ID483 01 Journal Poissy décembre 1927En 1934, la fanfare de Triel a participé au festival d’Aix les Bains, du vendredi soir au lundi matin.
Ce voyage a été possible grâce aux recettes des autres concerts, aux membres honoraires et à la générosité de M. Henri Prévost.
Vendredi visite de la source et des établissements thermaux, visite de l’Abbaye de Hautecombe et le soir concert au kiosque.
Samedi, visite de Chamonix et de la Mer de Glace.
Dimanche, visite de Genève.

Nous avons également joué pour l’ouverture de la piscine de Villennes en 1935 et pour le centenaire du pont en 1938.pour lequel, Jean Prévost avait tourné un film. Monsieur Portebois, représentant du maire a coupé le ruban et la gymnastique a fait une démonstration l’après-midi, le soir une fête vénitienne, toujours animée par la fanfare s’est déroulée sur la Seine.

La fanfare participait à de nombreux concours. Au programme, on devait interpréter un morceau inconnu donc jamais travaillé, un morceau connu depuis un mois et un morceau au choix, travaillé à l’avance. Les concours se déroulaient dans les différentes villes du département.
Sous les auspices de la Municipalité, un grand concours fut organisé à Triel par la fanfare et les habitants de la ville, le 14 mai 1889. Pouvaient y participer, les fanfares, les harmonies et les orphéons.
Quatre lieux ont servi d’accueil :
La tente de M Aleaume, place des Marronniers, pour les fanfares, les harmonies et le bal.
Le hall Vallin, au 129 Grande Rue, pour les chorales et les fanfares.
Les écoles de filles et de garçons, pour les fanfares et les harmonies.
La journée commençait à 9 heures à l’Hôtel de Ville, par la réception des membres du jury puis enchaînait le concours de lecture à vue. A une heure défilaient toutes les sociétés participantes puis venait le concours d’exécution et le concours d’honneur.
A 17h30, morceaux d’ensemble exécuté par toutes les sociétés devant l’Hôtel de Ville, à
18 heures, distribution des récompenses, à 20 heures banquet et à 21 heures grand bal sous la tente de M. Aleaume.
Un horaire des trains était joint au programme.

A la déclaration de la guerre, la fanfare a été dissoute et quatre ou cinq musiciens sont partis à Andrésy.

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