L'arrestation
Les enquêteurs à qui les différents témoins avaient donné le signalement précis de l'homme à la Citroën noire étaient persuadés que le meurtrier avait agi seul. Ils menèrent leurs investigations parmi les amis et fréquentations interlopes de Richard Wall du côté de Montmartre : bars louches, arrière-salles enfumées, tripots clandestins furent le terrain de chasse des messieurs de la Tour Pointue. Ils interrogèrent tenanciers méfiants, barmen peu loquaces et filles faciles. Un élément s'imposa rapidement : la dernière personne aperçue en la compagnie de Wall était Guy Davin, 23 ans, marié, demeurant à Neuilly sur Seine dont l'adresse précise fut donnée par une relation flouée lors de la vente d'une voiture.
On l'arrêta, on l'interrogea, on l'accusa du meurtre. Il nia toute implication, se montra très arrogant et menaça : « Vous ne savez pas à qui vous avez affaire ! J'ai un parrain qui a un poste important dans la police. » Certes il avait emmené Wall dans une voiture destinée à la vente, qui n'était pas celle retrouvée à Vincennes, et il l'avait déposé à la porte de son hôtel. Il n'y avait pas qu'une Citroën 6 cylindres en France ! D'ailleurs, il gagnait 4.000 francs par mois et sa femme et lui avaient beaucoup de mal à subsister ; il était souvent obligé d'emprunter de l'argent à sa mère. Il n'avait pas les moyens d'être propriétaire d'une telle voiture ! Le revolver ? Il l'avait acheté pour se défendre, le cas échéant de Wall qui, porté sur le Bourbon, piquait de terribles colères et pouvait se montrer violent : « Demandez à Melle King, elle se sentait menacée. » Les policiers convoquèrent les témoins : Mme Sant, la promeneuse du bois, les Triellois, M. Lambertini, le maçon et M. Lalanne, l'épicier et procédèrent à un « tapissage ». Derrière une glace sans tain, tous reconnurent Davin qui ne tarda pas à « se mettre à table » et avoua le meurtre dont le mobile était l'argent.
A suivre
Françoise D.